CHUCK LEAVELL with The Frankfurt Radio Big Band: Chuck Gets Big (2018)
Ce disque date de 2019 mais mérite largement d’être signalé, même un an et demi plus tard. Le grand Chuck Leavell ! Un nom que connaissent tous les amateurs de bonne musique. Au cours d’une carrière exemplaire (de l’Allman Brothers Band aux Rolling Stones), Chuck a martelé ses touches d’ivoire noires et blanches avec un talent incontesté et… incontestable. Délaissant momentanément sa plantation d’arbres (notre pianiste est un amoureux de la nature), il a décidé de se faire plaisir en se payant le luxe d’être accompagné par un grand orchestre de jazz. Et évidemment, le résultat sonne jazzy en diable. Bien sûr, il faut apprécier les saxophones, trompettes et autres trombones. Cependant, cet album rutilant vaut le détour, même pour les fans de rock les plus enragés. N’oublions pas aussi que le jazz fait partie de l’héritage musical sudiste. Selon les morceaux, le piano de Chuck se colore de jazz (le célèbre « Georgia on my mind »), de funk (l’instrumental « Blue rose »), de blues (« Losing hand ») ou bien de rock (“Honky tonk woman” et “Tumbling dice” des Stones). L’art de la belle ballade est aussi de la partie, avec une pointe de soul (« Living in a dream ») ou bien sous forme instrumentale (« Ashley »). On se replonge avec délectation dans la magie du rock’n’roll noir avec « Route 66 » (une chanson de Bobby Troup mais popularisée par l’immense Chuck Berry). Un petit souvenir des années passées avec l’Allman Brothers Band surgit avec les reprises de « Southbound » et « Statesboro blues ». Bien qu’excellemment interprétés, ces deux titres étonnent légèrement par leur traitement jazzy. Mais le courant passe quand même. Cette réalisation de grande classe s’inscrit donc dans le créneau du jazz mais satisfera sans aucun doute la plupart des « music lovers ». Et puis, quel plaisir d’écouter Chuck égréner toutes ces notes splendides en cascade. Un véritable maître du clavier ! Quand le talent est là, il faut savoir l’apprécier. Mais nous savions tous déjà que Chuck Leavell en était largement pourvu.
Olivier Aubry